Un week-end d’aventure en famille avec les ânes – témoignage

Nous habitons en Vendée et avions eu l’occasion d’écouter Eric Viaud nous raconter quelques expériences extraordinaires d’aventures vécues dans le cadre de son activité Pieds d’Aventures.
L’idée faisant son chemin, nous avons projeté de vivre également cette aventure en partant randonner en famille avec nos enfants et très jeunes petits-enfants de 1, 2 et 3 ans.

Non pas d’orage, mais une impatience, un peu de stress lié à la check-list transmise (il ne faut rien oublier tant en terme de confort que de sécurité) et un doute quant à notre capacité à randonner avec des enfants si jeunes.

Nous arrivons sur le site, les voitures chargées de duvets, de lits parapluie, de notre pique-nique… et sommes accueillis par un énorme sourire qui nous invite à prendre contact avec nos nouveaux partenaires : Ulysse et Maïs.
C’est l’heure de la toilette et de petites brosses permettent immédiatement aux enfants de s’approcher des ânes, de les caresser. Ils prennent confiance et n’ont même pas eu le temps d’être impressionnés.
Nous chargeons dans un camion tout le matériel nécessaire à la soirée et que nous n’avons pas à transporter (service haut de gamme) puis nous mettons à l’écoute du maître ânier !
Éric nous dresse une revue complète et parfaitement organisée des procédures à suivre pour bâter, pour guider l’âne dans certaines conditions. Un nouvel univers à appréhender et dont il faut nous assurer rapidement d’enregistrer les conseils et directives pour ne pas commettre d’impair.
Mais nous sommes aussi vite rassurés car il nous propose de nous accompagner sur les premiers kilomètres, le long du lac de Château-Guibert, afin de mettre en pratique toutes ses recommandations.

Du site de La Pinetière nous descendons donc en file, une personne mène, une autre sécurise l’enfant assis sur le bât sur un coussin confortable. Nos enfants sont munis de casques et les sacoches les protègent d’une possible chute mais il est tout de même conseillé de se tenir à proximité.
Nous n’avons pas fait 100 mètres que déjà le paysage est improbable, découpé par le lac, la nature vallonnée prend une robe de celle que nous connaissons plutôt dans les Cévennes ou en Ariège. Le long d’un sentier nous sommes émerveillés par les couleurs tonifiées par le soleil. L’air est frais et les odeurs contribuent à nous transporter alors que nos oreilles, comme celles de nos ânes sont attentives à la voix d’Eric qui continue à expliquer les règles comportementales que nous devons suivre. Mais il en profite aussi pour nous détailler l’histoire du site ; rien n’est trop riche ce matin là.

Après les quelques premiers kilomètres, Éric nous a laissé et nous poursuivons le chemin en suivant la carte dont le parcours est clairement identifié. Quelques passages par la route pour rejoindre d’autres chemins et nous avons déjà pris beaucoup de confiance en notre capacité à vivre cette aventure. Le rythme est lent, non pas tant du fait des ânes mais plutôt de celui des enfants. L’un veut remplacer l’autre, ou monter dans le porte-bébé, l’autre a chaud ou soif… Nous nous arrêtons donc souvent et prenons ce temps nécessaire à bien vivre ensemble le moment présent.
Je suis plutôt en tête, carte en main vêtu d’un gilet fluorescent pour prévenir les quelques voitures que l’on peut croiser lors des passages sur les routes.
Puis, le temps de suivre un chevreuil qui nous observe, de discuter de sujets hautement philosophiques… je fais une erreur et emmène notre cortège vers des sentiers imprévus. Mais nous ne le saurons que plus tard… Pourtant, je continue à suivre les instructions sur la carte et tout semble coïncider. Les intersections sont bien validées. Seul étonnement : nous passons dans un chemin si étroit que nous sommes contraints de déposer les sacoches pour permettre aux ânes de passer. Il aurait tout de même pu nous alerter notre ânier…

Puis tout s’enchaine toujours avec beaucoup de cohérence en suivant le plan jusqu’à ce que… Mince, plus rien ne coïncide. Nous faisons cinquante mètre dans un sens, puis dans l’autre… rien ne va plus.
Bon, chose que je m’étais promis de ne pas faire, je sors mon téléphone pour nous localiser et, surprise, nous sommes bien loin de là où nous devrions être…
Rien de grave, juste quelques kilomètres imprévus et des doutes sur la difficulté possible des chemins que nous allons devoir emprunter.

Nous parvenons malgré tout à rejoindre les bords de l’yon, aux alentours de Piquet en direction de notre site d’accueil. Nous longeons cette rivière dont le rythme change assez souvent avec quelques accélérations ponctuées par d’énormes galets sculptés, puis de grandes étendues parsemées de nénuphars. Le soleil descend, la lumière orange est magique dans ces sous-bois et ces sentiers quadrillés par des racines et bordés d’essences multiples de plantes odorantes.
Éric nous avait informé d’une possibilité de nous baigner à un endroit précis que nous atteignons. Le temps de déshabiller les enfants, ils profitent de ce moment rafraîchissant pour s’éclabousser les uns, les autres.
Nous avons parcouru près de 20kms (détour oblige) et les jambes sont lourdes, les enfants fatigués, mais l’approche de la destination finale, accueillis par cette nature flamboyante nous donne le courage de gravir les derniers mètres de notre périple.

Un dernier virage et notre caravane débouche sur un nouveau paysage : un pré qui évoque des paysages américains au milieu de la forêt dont les versants des collines découpent l’horizon. Les lumières sont colorées, orange, vertes, jaunes, rouges… nous sommes probablement en Nouvelle Zélande sans le savoir, non plutôt dans le Wyoming d’après nos enfants.
Eric est là, prêt à nous accueillir avec toujours autant de bienveillance et de sourire. Il aide à retirer les bâts, mettre les ânes au pré, présente les lieux, la tente trappeur, le tipi… Puis le temps d’une douche (ou on est pas plus aventurier que ça en fait), nous buvons un verre en profitant d’un moment encore extraordinaire d’initiation au bushcraft. Éric, comme un puit de science sans fond, nous transmets ce qu’il appelle les rudiments du bushcraft et qui représentent déjà pour nous une vie d’aventures. L’équipement nécessaire à la randonnée, les usages, les méthodes, l’utilisation des moyens offerts par la nature, tout y passe. Nous récoltons avec méthode les brindilles, le bois nécessaire à construire notre feu pour y réchauffer les grillades préparées par Pieds d’Aventures. La chaleur et le calme nocturne s’installent sous les paroles de notre maître et nous plongeons dans ce confort que chacun connait après une journée d’effort, de plénitude et de bonheur simple.

Nous dégustons des produits locaux de grande qualité et profitons de ces moments de partage avant d’entamer notre nuit. Le choix nous est donné de l'hébergement atypique : le tipi ou le hamac.
Pour ceux qui choisissent le hamac, il est temps d’apprendre à le fixer (5mn) et nous finissons par prendre place dans nos duvets, bercés par les derniers conseils d’Éric, en plongeant doucement dans un sommeil réparateur.
La nuit étoilée est tout aussi belle que le jour, nous entendons les ânes et quelques bruits nocturnes. La fraîcheur prend place lentement et j’ai bien peur que seuls nos ronflements perturbent cette ambiance….

Après une nuit incroyable de confort, ce sont les enfants qui nous rappellent à l’ordre en réveillant toute la famille de bonne heure.
Le temps de prendre un petit déjeuner, de se préparer, de préparer les ânes et de les bâter… avec une certaine inertie… nous repartons pour une nouvelle journée qui doit nous ramener à notre point de départ. Nous sommes tous toujours émerveillés et emprunts d’un sentiment de plénitude, comme si nous étions déjà partis depuis un mois avec nos deux compagnons.
Et dès les premiers mètres, cette nature décide de nous en mettre encore plein les yeux ! Nous descendons vers le lit de la rivière, empruntant un sentier escarpé le long d’arbres de 15 ou 20 mètres de haut. La journée s’annonce encore très chaude avec 33 degrés, mais la fraîcheur de cette vallée nous préserve ; nous sommes heureux et profitons vraiment de ces moments magiques.

Après une première moitié de parcours nous atteignons le site préconisé pour notre pique-nique. Encore un repas de qualité fourni dans le cadre de l’organisation de la randonnée. Nous nous régalons donc mais subissons tout de même la chaleur. Le soleil est au plus haut et sa chaleur est renforcée par le bitume lorsque nous sortons des chemins.
Nous décidons alors de rapatrier les enfants en voiture, trop jeunes pour subir cette température.

Il nous reste la moitié du chemin à parcourir mais la difficulté est importante non pas du fait du dénivelé ou de la complexité des chemins, mais du fait de la chaleur. Nous buvons des litres d’eau, et peinons sous ce soleil de plomb. Nous laissons nos empreintes sur certains passages sur le goudron mou, fondu par cette chaleur intolérable. Chaque ombre est la bienvenue et nous avons de plus en plus de mal à apprécier le décor. Mais les ânes savent bien que nous rentrons, ils gardent un rythme qui nous permet de ne pas perdre de temps.
Nous sommes des aventuriers maintenant, le courage est notre raison d’être, et chaque pas nous amène à bomber le torse, nous rendant chacun plus fier de notre accomplissement.
La route débouche enfin sur la ferme de la Pinetière et nous profitons d’un moment pour nous rafraichir à l’ombre, accueillis encore une fois avec de grands sourires et de l’eau bien fraîche.

Un témoignage probablement un peu long mais que je tenais à faire pour remercier Éric quant à la qualité de son accueil, de son organisation, des choix de parcours de randonnée, de ses conseils, de sa science de l’âne, de son savoir-être.
J’espère que cela donnera à d’autres familles, une envie de vivre une aventure d’un week-end (ou plus) car je peux maintenant témoigner du bonheur que cette aventure collective aura procuré à chacun de nous.

Olivier